Aider, oui. Mais dans un rapport gagnant-gagnant !
À l'heure de l'individualisme et de l'égocentrisme rationnel, l'engagement que l'on connaissait sous une forme désintéressée et répondant d'une conscience collective et altruiste se veut aujourd'hui moins idéologique, moins militant, plus ponctuel... et surtout contractuel !
Les universitaires Roger Sue et Jean-Michel Peter relèvent dans leur rapport « Intérêts d’être bénévoles » que "les jeunes (et moins jeunes) ont ainsi conscience de la capacité des associations à développer des compétences qui pourraient être transférables dans le milieu professionnel" ou que l’épanouissement personnel et le gain en compétences sont recherchés avant tout. L’association ou le projet mené doit donc offrir "un cadre à l’action personnelle, une source de plaisir à un bénévole en échange de sa disponibilité et de ses compétences ". "Axée majoritairement sur une recherche de convivialité, d’épanouissement personnel, la participation associative des jeunes tend aujourd’hui à se conjuguer avec davantage d’ouverture sur la cité et de capacité de mobilisation sociale" commente Bernard Roudet dans un numéro de "Jeunesses : études et synthèses"
En l'occurrence, soyons cru, toute action doit rapporter : c'est là le sens donné à "l'action" qui confère à son détenteur la propriété d'une partie d'un capital, avec les droits qui y sont associés et qui permet d'en retirer un revenu appelé dividende. Pour résumer : on est prêt à s'engager à condition de bénéficier d'un profit ou d'un dividende.
Est-ce bien moral ?
À l'heure où le militantisme et l'engagement (pour servir autre chose que des intérêts privés ou particuliers) cèdent la place à d'autres formes de participation active, principalement axée sur l'action bénévole — voire l'action individuelle tournée vers un bénéfice immédiat — on est en droit de se poser la question de l'éthique d'une telle démarche "contractuelle" (ou marchande). Est-ce bien ce qui est "autre" qui compte, à ce stade ? L'immigré ? La planète ? Les sans-abris ? La qualité de l'air ? Le réchauffement climatique ? La malbouffe ? Le sans gluten ? La faim dans le monde ? La protection d'une espèce animale ? Les réfugiés politiques ?... ou l'intérêt que l'on prend pour soi-même à défendre une cause que l'on épouse, et donc à défendre ses propres intérêts intellectuels ou les idéaux sur lesquels on s'appuie et qui nous construisent individuellement ? Ne fait-on pas, en fait, l'apprentissage de notre vie sur le dos de combats ou de révoltes menés soi-disant pour les autres mais inconsciemment au service de nous-même ?
Le sens étymologique d'"engagement" infirme cette hypothèse : le mot est composé de trois syllabes — "en-gage-ment" — qui renvoient à "en" qui signifie se "mettre en état" et "gage" qui induit l'idée de "se mettre en gage" soi-même pour garantir une dette ou une promesse faite (le "ment" étant le substantif du mot).
"Se mettre en gage" c'est se donner sans compter, se livrer en quelque sorte, en débiteur d'une idée, d'un idéal, mais surtout de la cause menée. Comment prétendre, dans ces conditions, tirer un bénéfice de cette "mise en gage", de cette dette, de ce dû ?!
S'engager, c'est prendre une décision libre, forcément risquée pour soi-même (on peut se tromper d'engagement), et être prêt à en assumer les conséquences. S'engager, c'est avant tout prendre une responsabilité nouvelle, sans arrière pensée, sans nécessité de retour, sans profitabilité de quelque nature que ce soit : un dévouement en réalité.
Comment appliquer un vrai engagement dans notre quotidien ?
Ce n'est pas simple.
Notre réalité d'entreprise, assujettie à une rentabilité minimale assurant la pérennité de l'activité et de la structure, conjuguée au durcissement du marché, ne nous laisse qu'une maigre marge de manœuvre.
Pourtant, nous plaçons depuis plus de 20 ans l'humain au cœur, et nous nous sommes engagés dans de nombreux combats.
Toutes les actions que nous avons menées au profit d'associations ou de fondations ont été calculées à minima pour qu'elles voient le jour ; et sans arrière-pensées de win-win.
Économie de coût, de dépenses, d'achats... appelez-ça comme vous le voulez, l'objectif était que chaque opération atteigne sa cible. Nous n'avons jamais lésiné sur les énergies créatives, ni les moyens humains ou matériels, ni sur notre temps de travail, pour soutenir des causes qui nous semblaient justes.
Nous ne cachons pas que nous avons été rémunérés en retour... sur des bases, redisons-le, financièrement symboliques et epsilones, mais prodigieusement gratifiantes en termes d'engagements éthique et militant.
Et cela n'a pas de prix.
Et à titre d'agence ? Que faisons-nous ?
Nous nous sommes engagés dès 2010 à soutenir activement la Fondation Robert Ardouvin (le Village d'enfants de Vercheny) qui accueille des enfants et des adolescents qui lui sont confiés par les services de l’Aide Sociale à l’Enfance ou directement par les juges des enfants en application d’une mesure d’assistance éducative. Elle favorise le regroupement de fratries. Sept à huit enfants ou jeunes sont accueillis dans des maisons tenues chacune par un couple d’éducateurs familiaux, ayant fait le choix de vivre avec les enfants. Cette maison constitue pour eux un élément de stabilité, un lieu d’ancrage sensationnel... et dans un environnement hors normes. Jusqu'à leur autonomie, ils trouveront là une chance formidable de se reconstruire et de s'épanouir.
Nous mettons à contribution toutes les ressources de la plateforme pour faire connaître la Fondation, participer à son développement, appuyer ses projets : que ce soit par l'accompagnement dans tous ses éléments de communication, par l'accueil des jeunes au sein de l'entreprise et à la découverte de nos métiers, par notre contribution à l'association de mécènes qui lui est consacrée.
Pour en savoir plus : http://village-ardouvin.com
Des combats quotidiens...
Terre et Humanisme, Croix-Rouge, CAT Service, Centre de Ressources illettrisme de la région PACA, AIDS/Mutualité Française... les occasions à travers le temps ne nous ont pas manqué de nous inscrire dans le mouvement associatif, caritatif, citoyen, pour défendre les valeurs de ceux qui contribuent chaque jour à rendre la société plus fraternelle, plus égalitaire, plus solidaire. Plus humaine.
... à titre personnel !
Mais cet engagement s'opère aussi à titre personnel. Tout le monde au sein de la plateforme est encouragé à exercer son art, à valoriser ses goûts, à pratiquer ses hobbies, à s'impliquer dans la sphère sociétale, au titre que tout participe d'un esprit créatif et solidaire.
L'une fait de la photo, celle-ci participe aux maraudes de la Croix-Rouge, celui-ci édite des jeux de rôle collaboratifs, l'autre pratique la naturopathie, l'autre encore a ouvert un atelier d'art alternatif; hier c'était au tour de notre responsable administrative, mais aussi pâtissière et cordon bleu, de faire connaître et faire aimer ses douceurs aux personnes âgées.
L'occasion s'y prêtait : des dizaines de seniors étaient rassemblés à Martigues sous l'égide de la CCAS et c'est avec la même attention bienveillante qu'Esprit Libre a participé au financement et à la confection de ces assiettes gourmandes où chaque crêpe à la châtaigne, oreillette, gâteau, fut à la fois élaboré avec des produits entièrement naturels et fait... avant tout, avec le cœur.
S'occuper de la communication de Martigues ne suffit pas. Il faut aussi savoir s'impliquer, s'engager, militer sur le terrain pour mettre en adéquation ses discours avec ses actes.
Qu'aurait-on autrement à y gagner ?
Sont-ce là des actes relevant de la responsabilité sociale ou sociétale des entreprises ? Ou, plus simplement, une prise de conscience que nos métiers, nos savoir-faire, nos humbles compétences, ne peuvent se satisfaire uniquement d'une activité — stricto sensu — économique ? Peu importe.
Mais il est clair que ce type d'investissement personnel et collectif apporte à chacun, mais aussi à la Plateforme dans sa globalité, des expériences et des enrichissements qui ne peuvent que rejaillir sur notre quotidien.
C'est peut-être ça le seul bon dividende à en tirer.